Vous n’étiez pas présents à la Station-F ce mardi pour le grand show de la French Tech 4.0, voici ce qu’il faut retenir de cette heure et demie d’intervention de Roxanne, Kat, Mounir et Emmanuel.
La Station-F, incubateur géant créé par Xavier Niel qui abrite un millier de start-up, accueillait ce mardi entre 1500 et 2000 entrepreneurs de la Tech Française et de la French Tech pour une allocution sur les enjeux du développement de l’écosystème français dans les années à venir et pour des échanges directs autour de questions/réponses plus ou moins préparées à l’avance.
Une délégation d’une dizaine de représentants de la filière Digitale de La Réunion étaient présents à cette occasion et ont eu l’opportunité d’échanger plus spécifiquement avec le Président de la République sur la feuille de la French Tech Réunion (thématique e-Santé).
Après une courte allocution introductive de Roxanne Varza, Directrice de la Station F, Kat Borlongan nouvelle Directrice de la French Tech, intronisée lors du dernier salon VivaTech en mai, présente l’esprit général que la French Tech doit désormais adopter pour accélérer le mouvement.
Sa vision : Pour être en capacité de mettre le coup d’accélérateur nécessaire à son développement, la French Tech doit fonctionner comme une startup et à ce titre s’attacher à répondre à 3 objectifs :
Apporter une réponse aux utilisateurs : Pour se faire, une consultation ouverte (le tour des startups) a été lancé depuis le début de l’année afin de prendre le pouls des attentes des entrepreneurs. Cette consultation est complétée de l’interview de 200 fondateurs exécutifs de startups, avec un échantillon segmenté en fonction du business model, du taux de croissance et du taux de financement.
Adopter une approche basée sur des prises de décisions qui capitalisent sur la data et non pas uniquement sur des intuitions. La French Tech lance un partenariat avec la BPI, Business France et la Caisse des dépôts et consignations afin de collecter un maximum de données sur son fonctionnement et ainsi orienter ses travaux en fonction des retours du terrain.
Opérer des tests en réel sur le terrain. Seule la preuve de concept peut permettre à une startup de valider son business model et de fixer les contours de son marché. Ceci vaut également pour la French Tech qui a un devoir d'exemplarité dans ce domaine.
Le Secrétaire d’Etat au numérique Mounir Mahjoubi a ensuite pris la parole afin de poser les 3 grands défis du développement de la Tech en France :
1er défi : Une French Tech qui doit traiter de la mixité sociale
Après avoir sondé l’assemblée pour déterminer le type de profil des personnes présentes : Qui est un homme ? Qui est une femme ? Y-a-t‘il des entrepreneurs étrangers ? Qui est investisseur ? Quelles sont les institutions et forces publiques représentées ?
Mounir Mahjoubi a ensuite donné quelques chiffres :
Moins de 10 % de créateurs de startups sont de femmes
Les femmes représentent moins de 30 % des ingénieurs
Pour la troisième année consécutive, il y a moins de femmes qui rejoignent des études d’ingénieurs
La réponse à cette problématique passe notamment par la création de la fondation Femmes@Numérique dont l’ambition est de promouvoir la place des femmes dans le secteur du numérique.
2ème défi : Une French Tech à la conquête du monde
Il faut ainsi accompagner les scaleups qui doivent être de vraies locomotives pour faire grandir l’écosystème. Ceci doit se faire en agissant sur les 2 principaux leviers, qui sont autant de freins aujourd’hui : les financements et la détection de talents.
Au-delà des ambitions et de la nécessité de générer de la croissance, se pose aussi la question du rôle et de la responsabilité des entrepreneurs de la Tech et du Numérique dans leur positionnement marché.
Pas de « Tech only for Profit », ni plus de « Tech only for Control », il s’agit surtout d’être animés par une « Tech for Good » dont l’ambition est de croire au fait que l’on puisse créer de la valeur tout en ayant un impact positif sur la planète et sur les populations qui l'habitent. La Tech For Good doit être considérée à l’échelle du marché européen.
3ème défi : Une French Tech inclusive
Là encore et pour faire écho aux propos de Kat, Mounir insiste sur la nécessite d'ouverture et de mixité sociale dans la French Tech qui aujourd’hui sur-représente les personnes issues de parcours favorisés.
La French Tech ne peut pas se passer de 50 % de la population (les femmes) et de 60 % de la société (les personnes issues des milieux populaires). C’est un des piliers fondateurs de la grande école du numérique. Cela passera aussi par l'implantation de la French Tech dans les milieux populaires.
Une séquence de questions/réponses d’une petite heure entre l’assemblée et le Président de la République a ensuite permis de balayer les grands sujets en lien avec la thématique d’accompagnement des startups : financements, mixité, développement des talents, fiscalité, inclusion des territoires, transformations des institutions, …
Un temps fort pour La Réunion au cours de cette séquence lorsque Elodie Royer, Référente French Tech pour Digital Reunion, a eu l’opportunité d’interroger le Président sur sa vision quant à la façon d’intégrer les territoires dans la dynamique nationale.
Dans les éléments de réponses apportés, il faut retenir l’annonce d’une visite d’Emmanuel Macron à La Réunion sur le S1 2019, notamment pour traiter des sujets du numérique.
Il a ensuite invité les acteurs de l’écosystème réunionnais à raisonner plus grand en terme de marché en ciblant le bassin Indo-Pacifique et l’Afrique Australe, et à sortir du schéma de pensée ancré qui consiste à considérer La Réunion en périphérie de la Métropole, avec Paris comme barycentre d’influence et de décision.
De manière plus générale, le numérique doit être l’opportunité de changer notre conception culturelle du Centre et de la Périphérie. Le centre c’est partout où il y a des gens qui ont du talent et qui décident.
Et si l’édition 2019 de NxSE se tenait à Sydney ?
Peut-on concilier audace et rentabilité ?
"Le seul endroit où il y a du rendement c’est l’endroit où il y a du risque. Quand il n’y a pas de risques, il n’y a pas rendement. C’est la réalité d’une économie, sinon ça s’appelle une bulle et ça fini par exploser" : Emmanuel Macron (Président de la République).
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